Une chute bien déplaisante – avec BoogieL'air frais de la nuit me fait frissonner. À moins que ce soit la fatigue. Ou la faim. Ou les trois en même temps. Trottinant sur le trottoir, je fouille les environs du regard, espérant trouver un endroit où dormir ou quelque chose à manger. Je pensais qu'en m'éloignant des rues de la ville elle-même – qui ne semble jamais dormir – et en m'aventurant vers les grands espaces clôturés et bien éclairés que les humains appellent ''studios'', je pourrais trouver un endroit calme où me reposer. Mais on dirait que la chance n'est pas avec moi ce soir.
Au bout d'un moment, je trouve un passage où je parviens à me faufiler dans le mur entourant un des studios. L'endroit est désert mais certaines lumières sont encore allumées, ce qui me permet de me diriger. Il n'est pas question que je reste ici pour dormir – il y aura beaucoup trop de gens demain matin – mais peut-être que je pourrais trouver quelque chose à manger. J'ai été agréablement surprise en découvrant la quantité de nourriture que laissent les humains chaque jour. J'ignore pourquoi ils ne la mangent pas, car cette nourriture est encore bonne, mais ça m'est bien égal. J'ai réussi à me remplir le ventre plusieurs fois grâce à ça, je ne vais pas m'en plaindre.
À force de traîner vers les bâtiments, je finis par trouver un des contenairs où les humains mettent la nourriture dont ils ne veulent plus. Le couvercle est ouvert et une petite pile de caisses est posée juste à côté. Pas assez grande pour aller jusqu'à l'ouverture, mais au moins elle va m'aider à grimper. Je bondis sur les caisses puis, arrivée sur la dernière, je prends mon élan avant de me lancer vers le bord du container.
Malheureusement, mes pattes glissent, je n'arrive pas à me remettre d'aplomb, et je finis par tomber dans la grande boîte... qui est presque vide ! Il y a seulement des sacs noirs qui sentent mauvais. Je lève les yeux vers l'ouverture mais je dois me rendre à l'évidence : je ne peux pas escalader la paroi, elle est trop haute ! Dépitée, je regarde autour de moi. Les sacs sont bien tassés au fond, pas moyen de m'en servir de tremplin. Quand j'essaie d'en bouger un, je ne fais que me fatiguer davantage : il est bien trop lourd pour moi. J'essaie quand même de déchirer les sacs eux-même, histoire de grignoter quelque chose et de ne pas être venue pour rien, mais là encore mes efforts sont déçus : il n'y a rien à manger dans ces sacs, seulement des vieux vêtements et autres accessoires.
Je serre les mâchoires sous la crispation. Avoir fait tout ça pour rien ! Avec l'énergie du désespoir, je me mets à sauter pour atteindre le rebord de ma prison. Comme ça ne marche pas, j'essaie de rebondir sur la paroi, ou de prendre mon élan, sauter et courir le long du mur. Mais rien n'y fait, chacune de mes tentatives finit de la même façon : j'atterris sur les sacs plastiques noirs.
Je tourne la tête dans tous les sens, cherchant désespérément une autre solution, mais il faut bien que je me rend à l'évidence : je ne sortirai pas d'ici. En tout cas, pas seule. Je prends donc mon souffle et je me mets à crier, crier, le plus fort que je peux.
« À L'AIDE ! S'IL VOUS PLAÎT, AIDEZ-MOI ! JE SUIS COINCÉE ! »
Ma voix est répercutée par les parois, mais mes cris paraissent bien faibles face au silence de la nuit. Pendant un instant, je suis tentée de baisser les pattes, mais je retrouve ma détermination et reprends mes appels. Si c'est ma seule façon de sortir, je vais continuer à appeler à l'aide, même si je dois y passer la nuit !