BLUR • « Know me better, judge me later »

Blur se prélasse sous trois couches d'étiquettes bien découpées lorsqu'elle annonce dans un premier temps qu'elle est Wild. Donc sauvage, pas vrai ? Détestant les humains, dévorant les enfants et planifiant l'extermination de l'espèce humaine. Sa meute n'en confirme que le cliché : les Raw. Sauvages nantis aux bides rebondis et aux encéphales lustrés par l'absence d'idées cohérentes, maillon d'une chaine-meute qui n'hésitait pas à user de violence pour se faire respecter. Et enfin... Son rang : Alpha ! Chef d'orchestre des cas sociaux, grande gueule, neurones restreints et soif de sang.

Que de stéréotypes qui au final, se distillent lorsqu'on apprend à connaitre cette grande carcasse rousse.
Ce qui définit principalement Blur, c'est son leadership naturel. Nullement destinée à diriger, dominante ou chef que quoi que ce soit, Blur avait toujours démontré cette capacité à prendre la tête des opérations lorsque personne ne se décidait à le faire. Son extrême exaspération face au désordre la pousse à agir assez naturellement pour mettre les choses en place, et à se faire obéir sans forcément user de menaces ou de récompenses promises.

Lors du bug-pounds, son besoin prioritaire fut de partir, loin, très loin de tout ce qui pourrait lui rappeler les cages, la puanteur du désinfectant industriel et la bouffe décomposée-séchée- recomposée et réhydratée qu'on avait le culot de leur servir. Besoin qui fut très rapidement remplacé par celui de se joindre à ses pairs, et à organiser les choses pour que certains trouvent un abri, d'autres de la nourriture et les derniers, des recrues éventuelles.

Grande oratrice, inventrice de génie ? Pas vraiment. En réalité, Blur est plutôt le contraire - peu bavarde mais pas mutique, l'australienne ne s'exprime pas en longues phrases de dandy. Ses origines clairement paysannes lui fournissent une langue bien pendue et des insultes à faire rougir les yorkshires des hauts quartiers.
Si les duels de répartie ne lui déplaisent pas - en vérité elle aime jouter avec les mots - sa carrure lui permet de passer du verbal au physique sans complexes : pas plus forte que la moyenne quoique bien charpentée, elle possède néanmoins l'avantage d'avoir grandi en courant, sautant, trébuchant et slalomant dans les champs et les pâtures, lui conférant une bonne dextérité de base.

Peu démonstrative au premier abord, la rouquine n'est cependant pas un bloc de marbre uniquement bonne à donner des ordres - elle est d'ailleurs plutôt complice avec les membres de sa meute... Tant que le boulot est fait. Il est simplement inenvisageable de la fréquenter si l'on ne vient que pour piocher dans les réserves sans y contribuer régulièrement. Dans le cas contraire, la "chef de meute" se mue assez aisément en chien lambda, peut-être pas toujours socialement au point et extravertie, mais drôle et de bonne compagne.

Lorsqu'on finit par rentrer dans son cercle d'amis, ou à être assez intéressant pour la sortir de son rôle de chef de meute, Blur s'avère être une créature avide d'expériences. Prête à tout pour un peu d'adrénaline, irrésistiblement attirée par la nouveauté, les personnes différentes, hors du commun, lui ressemblant ou tout simplement sortant du lot de personnalités fades, complaisantes ou égocentriques, elle rentre assez facilement dans les batailles de répartie, ou les jeux de séduction. Aimant être en contrôle mais acceptant de perdre son statut pour de bonnes occasions, l'australienne correspond plutôt bien au profil de sa race et au portrait qu'on se fait d'un bon chef... Si ce n'était son désintérêt total pour les êtres "normaux". Bonnes âmes, geignards ou gosses ne parviennent pas à attirer sa sympathie, et si elle fait de son mieux pour être impartiale, son attention ira toujours plus facilement vers le mouton noir que le petit membre exemplaire qui ne se fait jamais remarquer.

Plutôt sanguine, Blur n'a que peu de patience ; les longues phrases menant à un but brumeux, les hypocrisies et courbettes de circonstance ont facilement tendance à la faire grincer des dents. Entière dans sa façon de vivre, la chienne ne se complique pas la vie et crache les choses comme elles le sont : si quelque chose la dérange, son retour sera immédiat et sans détours. Très peu cérémonieuse, elle ne embarrassasse pas de manières qu'ont tendance à développer les chiens aux contact d'humains. Autant se faire lécher les bottes lui donne envie d'étrangler le vendu, autant le non-respect envers les rangs supérieurs des membres de la meute l'incite à passer à l'acte. Si la meute est fonctionnelle, c'est bien parce que quelqu'un coordonne le tout et que des responsables se dévouent - tout travail mérite salaire, et respect.

Concernant les humains, Blur n'a pas d'avis fixe : elle les considère clairement comme une barrière à la liberté générale d'un animal, incapable de combler ses besoins, mais elle n'en a pas peur. Elle pourrait tout aussi bien se laisser caresser par un homme que l'attaquer au visage si acculée dans un coin. Des réactions assez classiques somme toute.
A ses yeux, les animaux domestiques sont encore au stade juvénile, en grand besoin d'une mère pour les poupouner et subvenir à leurs besoins jusqu'à les rendre dépendants. Autant l'idée d'un chien servant un humain pour un "travail" ne la dérange pas, autant qu'il s'agisse d'un berger allemand ou d'un caniche toy, rester dans une maison à ne rien foutre et passer sa vie à alterner entre le panier et la laisse la rend complètement malade. Enlisés dans un confort relatif, dépouillés de leurs instincts, ces animaux ne sont que des êtres incomplets.

Comme il est très facile de le remarquer, très élitiste, Blur n'organise son réseau qu'avec les chiens uniquement. Certains chats peuvent être tolérés, car faisant preuve d'un esprit "chien" mais le reste des bestioles en vadrouille ne compte absolument pas à ses yeux. Les cobayes, rats et autres bestioles n'ont vraiment pas intérêt à croiser son chemin, car tout ce qui rentre dans sa gueule est considéré comme un repas potentiel. Quand aux autres... Eh bien vaille que vaille. Après tout, fierté oblige, elle se débrouillera bien pour rallier la meute à sa cause et dégager l'ennemi de la ville si il joue un peu trop au nouveau caïd.