Les Di Vallini ont différentes petites habitudes en ce qui concerne les nouveaux-nés. Tout d'abord, ils doivent naître sur les terres italiennes. Les terres d'origines. Celle qui font la fierté familiale. Ensuite, il y a également cette petite coutume d'affubler l'enfant de deux prénom : le premier d'origine italienne, le second d'origine anglophone. Ou encore de faire faire des cours à domicile à partir de 10 ans...
Arrive alors l'année 1987. Florence. Ses ponts, ses jardins, ses loggias, ses fontaines, ses musées, son architecture, son histoire... son art. C'est dans cette somptueuse ville italienne que Mirella Pearl Di Vallini est née. Elle y grandit pendant cinq années avant d'être emmenée aux Etat-Unis. Elle rencontre son père ainsi que le reste de sa famille proche. Elle est envoyée dans une petite école privée avant d'être retirée du cursus scolaire classique pour étudier à domicile comme le veux la coutume.
Entre temps, la mère de Mirella est retombée enceinte. Comme pour elle, elle est partie en Italie pour terminer sa grossesse et accoucher; mais elle est rentrée aux Amériques dès que l'enfant fut en état de voyager. Mirella venait de devenir grande sœur. Il s'agit, à ses yeux et à son cœur, de l’événement le plus important de sa vie. C'était inconscient à l'époque, mais en grandissant, la demoiselle se rendit à l'évidence : Lupo était son petit trésor. Elle le protégerait quoi qu'il arrive, peu importe où et comment. Si elle devais se faire des ennemis ou se faire haïr pour son petit frère, afin d'assurer ce vœux, elle n'hésiterait pas une seconde.
Entre un développement certain de son goût pour la féminité et la mode, les entourloupes mafieuses discrètes de sa famille et son amour inconditionnel pour son petit frère, Mirella Pearl Di Vallini grandit et forge sa personnalité de femme forte et féminine. Elle réussit ses études, créé sa propre marque de vêtements (une petite entreprise peu connue, mais ce n'est que le début!), gagne du respect et de l'importance dans la famille, mais, par sa surprotection, elle détériore grandement ses relations avec son petit frère.
26 ans. Mirella est une femme assumée. Mirella possède une confiance en elle absolue. Mirella est promise à un avenir brillant quoi qu'il arrive. Mais elle ne se doutait certainement pas de ce qui allait arriver.
23H30. Mirella enfile son perfecto de cuir. Ses talons claquent sur le sol de son atelier jusqu'à la porte d'entrée. Elle sort. Elle récupère les clés de la boutique dans son sac à main. Elle ferme, repose les clés à leur place et s'en retourne sur le chemin de la maison.
L'été, les nuits sont douces mais toujours plus fraîches. Les yeux, trop habitués à la lumière du soleil rayonnant, assombrissent tout le paysage environnant. Et c'est ce petit courant d'air, insonore, qui se glisse sur la chair de notre cou, cinglant, pour nous donner la chair de poule. Inconsciemment, Mirella frissonne. L'air est frais, et pourtant, il transporte quelque chose de pesant pour la jeune femme. Elle a le sentiment... Vous savez, ce sentiment que quelque chose est là, mais que vous ne savez d'où ça vient, ni de quoi il s'agit ? Oui, ce sentiment de mal-être inexplicable.
Heureusement, ou non (tout dépend des avis), la demoiselle a grandi au sein d'une famille... Étonnante. «
Andare, Mirella. »
Question. Pourquoi parle-t-on à haute voix quand on sait... qu'on est seul ? Conjecture. Parce qu'on sait qu'on ne l'est pas. L'évolution perfectionne l'instinct de survie. Il y a des prédateurs parfaits. Il y a des moyens de défense parfaits. Question. Pourquoi n'existe-t-il pas un camouflage parfait ? Réponse. Comment le saurait-on ? En toute logique, si l'évolution finissait par créer un être, dont la capacité principale était de pouvoir se camoufler, comment saurait-on qu'il existe? Il pourrait être à nos côtés à chaque secondes qui passent et on n'en saurait rien. Comment pourrait-on le détecter ? Ou même sentir sa présence ? ... On le peut, dans ces moments, où sans raison particulière, on choisit de parler à voix haute. citation Dr. Who s8 ep4.
Mirella n'était donc pas seule. Elle le sentait. Elle entendait la résonance de ses pas, décalée d'un millième de seconde. Ce n'était pas ses pas. Il s'agissait de ceux de quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui s'approchait en prenant soin de rester discret.
Evidemment, c'était raté. Mais Mirella jouait bien son rôle de femme un peu idiote et tête en l'air. Alors elle s'arrêta, sur le côté d'une ruelle déserte, et se mit à fouiller dans son sac à main en parlant bien fort, comme si elle était seule. «
Oh noooon, j'ai encore oublié mon carnet de rendez-vous. Ce n'est pas possible. Mais Mirella où as-tu la tête ? » C'était tout ce qu'il fallait. Un temps où la proie est inactive, où son attention est ailleurs, où son regard est tourné du mauvais côté.
L'inconnu vint par derrière. Il n'avait pas fait attention au lampadaire. Il n'avait pas fait attention à cette petite lueur. Il 'avait pas fait attention au jeu des ombres. L'italienne, oui. Elle voyait cette deuxième ombre venir. Se rapprocher. La menacer.
Ce n'est pas son téléphone portable qu'elle s'était mise à chercher. C'était cette grande aiguille à tricoter, faite d'acier. C'était cette grand aiguille à tricoter là. Oui, celle là. Celle qui traversait maintenant la nuque de l'agresseur, qui regardait la demoiselle avec un regard vide et surpris à la fois.